Le temps des autres

Avec des si, on referait le monde. Une récente relecture de la nouvelle Rip van Winkle m’a remis cette phrase en mémoire. Non que le récit de Washington Irving ait quelque chose à voir avec le problème du conditionnel présent ou passé. Mais le thème des voyages dans le temps et des paradoxes qu’ils entraînent dans la structure d’un récit me paraît un moyen idoine de suivre le fil de la discussion du billet précédent, qui s’est aventuré dans les chemins des réalités et des représentations, du virtuel et du réel ; continuons donc sur un mode fantaisiste et plaisant.

L’intrigue est assez simple, et trouve ses origines dans des mythes anciens, tels les Sept dormants d’Ephèse : Rip van Winkle est un homme simple et paresseux et son seul souci est d’échapper le plus souvent possible à une épouse acariâtre. Un jour, il part à la chasse dans les monts Kaatskill et rencontre un groupe d’étranges personnages habillés comme dans des temps plus anciens, qui l’emmènent dans leur repaire et lui donnent à boire. Il s’endort tout de suite après, et, le lendemain, lorsqu’il se réveille, son fusil est entièrement rouillé, son chien a disparu et il a désormais l’apparence d’un vieillard. Lorsque Rip van Winkle revient dans son village, il trouve que tout a changé : sa femme est morte, ses amis aussi, sa maison a disparu et ses enfants sont désormais adultes. Sa nuit dans la montagne a durée en réalité vingt ans, et ses compagnons habillés à l’ancienne mode appartenaient à l’équipage disparu de Henry Hudson, ils étaient donc des revenants.

Une première remarque intéressante à propos du voyage dans le temps (et aux univers parallèles qui vont avec) concerne l’attitude du voyageur. Tel qu’il apparaît chez Irving ou dans certaines nouvelles d’Edgar Poe, Borges ou Giovanni Papini, le voyage dans le temps n’est pas la découverte d’un territoire inconnu, mais une anomalie mystérieuse, quelque chose qu’on subit et qui reste inexplicable. Au début du XIXe siècle, l’exploration du temps n’est pas encore le penchant onirique de celle de l’espace, avec les moyens de locomotion nouveaux qui raccourcissent les distances. Les machines adéquates pour une atmosphère réaliste dans le récit seront une spécialité du siècle suivant, le paradoxe temporel aussi, qui reconstruit pour le meilleur, et souvent le pire, le monde avec des si.

 Loin d’être une perte de temps, ces si, que le passager égaré modifie,  déclenchent l’effet papillon, un excellent outil narratif même en dehors de tout brouillage temporel, mais ils sont également source de mélancolie et de regret. Il y aurait ainsi deux manières d’appréhender ce genre de voyages fantastiques : celui où la rencontre de deux temporalités différentes a pour but de réaliser une quelconque modification, et celui où, tout changement étant impossible, les virtualités sont organisées de manière à laisser une porte entrouverte au vraisemblable. Le voyage dans le temps moderne, tel qu’il apparaît dans  certains films des dix ou quinze dernières années traitant de ce sujet, (Donnie Darko, Next, Mr. Nobody, The Time Traveller’s Wife…), ressemble davantage à celui de l’époque romantique. Il se fait sans machines et sans appareils bizarres, sans technologies vite démodées et presque sans paradoxes. Il devient intérieur, proche de l’hallucination ou du rêve et définitivement éloigné d’une quelconque théorie scientifique, voire de la science-fiction, restant l’exemple toutefois de l’unheimlichkeit de la littérature fantastique.

 Il se dégage une immense tristesse de l’idée même de remonter le temps, que la plupart des œuvres de fiction évoquant ce thème partagent. Eviter le paradoxe temporel suppose, d’une manière ou d’une autre, revenir à la situation initiale, génératrice de déceptions comme l’est toute expérience virtuelle, qui se détache des conditions actuelles et reste une éternelle probabilité, à la fois frustrante et infiniment séduisante.


Ajout du 07-04, pour Ambre


J'ai longtemps habité sous de vastes portiques
Que les soleils marins teignaient de mille feux,
Et que leurs grands piliers, droits et majestueux,
Rendaient pareils, le soir, aux grottes basaltiques.

Les houles, en roulant les images des cieux,
Mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.

C'est là que j'ai vécu dans les voluptés calmes,
Au milieu de l'azur, des vagues, des splendeurs
Et des esclaves nus, tout imprégnés d'odeurs,

Qui me rafraîchissaient le front avec des palmes,
Et dont l'unique soin était d'approfondir
Le secret douloureux qui me faisait languir

Charles Baudelaire, La Vie antérieure


Ajout du 9 avril


Et avec des si...


Ajout du 12 avril : le canal d'Entreroches





Commentaires

  1. Quelle belle écriture que la vôtre Inma.
    Je vais méditer sur ce texte qui demande une relecture. Je reviendrai... et non pas je reviendrais... si... Quoi que!

    Le site de votre "lien" qui permet d'accéder à une bibliothèque virtuelle est très intéressant. Dommage qu'il n'en existe pas de même en français.

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  2. En dehors des voyages accidentels, provoqués par toutes sortes de choses désagréables que la physique contemporaine examine sur un ton sérieux, on peut aussi passer en revue les mobiles des expériences menées pour tromper le calendrier: remonter dans le temps pour modifier un événement et ses conséquences, ou aller dans le futur chercher des connaissances encore inconnues pour résoudre un problème actuel. Bien entendu, on peut tout mélanger si le lecteur n’est pas largué sur une aire d’autoroute spatio-temporelle. Plus subtil maintenant, c’est lorsque la chronologie bégaie, dérape, hoquète, ou se met en boucle, comme dans « Replay » de Ken Grimwood, où la singularité est davantage liée au comportement du voyageur piégé, qu’au phénomène temporel.

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  3. Oui, c'est en partie ce qui m'intéresse dans ce thème: les dilemmes qu'implique le voyage dans le temps, et les singularités du comportement du voyageur conséquentes. Cela se résume ici dans les deux paradoxes principaux: si l'on modifie un seul évènement,plusieurs autres seront automatiquement modifiés, ce qui dépassera les souhaits du voyageur et entraînera des conséquences indésirables (paradoxe du grand-père); si l'on profite d'un séjour dans l'avenir pour rapporter des connaissances importantes, la conclusion sera que l'avenir est un recopiage du passé et vice-versa (paradoxe de l'écrivain).
    Le voyage dans le temps me paraît intéressant pour faire la distinction entre le réel et l'actuel: non seulement ce qui pourrait être, mais ce qui aurait pu être et qu'on aurait toujours la tentation de modifier à notre guise.

    @Ambre, il serait temps pour moi de faire un autre billet sur les bibliothèques virtuelles, le dernier datant de 2008, il y a maintenant beaucoup d'autres ressources en français

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  4. Pourrait-on dire que la Science-Fiction est une forme de récit mythologique adapté à notre époque, pour exploiter à fond les données connues sur les ressources mentales et comportementales des humains de notre temps, comme le furent les récits d’Homère au sien ?

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  5. Avec le récit fantastique, qui tente de répondre aux mêmes questions, oui, je le pense.

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  6. Il m'est arrivé deux ou trois fois de me trouver dans un lieu avec l'étrange sensation, non seulement de l'avoir vu mais d'y avoir vécu, peut-être dans une autre vie? Cela a commencé comme dans un rêve, puis s'est confirmé lors d'une promenade en forêt, puis une autre fois, dans une allée menant vers un château. Je ne saurai expliquer ce phénomène qui me laisse perplexe, car il s'est reproduit à trois reprises. Je n'invente rien, même si cela reste flou, voilé.
    Mais dans ces réminiscences d'une vie antérieure, seuls les lieux changent, "je" reste la même. En revanche cette idée de "voyage dans le temps" qui me projetterait vingt ans plus tard ne me séduirait pas. Vivre le temps présent est déjà si compliqué.

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  7. "Déjà-Vu" ou paramnésie, c'est là http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9j%C3%A0-vu pour le côté médico-légal du phénomène; le côté onirique, lui, peut être cultivé sans restriction, puisqu'il nourrit les poètes et leurs muses.
    Mais Wiki ne cite pas le cas de personnes que l'on rencontre pour la première fois, alors qu'on a le sentiment de les connaître depuis la nuit des temps.
    Cela dit, l'idée de retrouver le passé ne génère pas que de la tristesse, si l'on songe à des notions telles que le retour aux sources ou la nostalgie des origines.

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  8. Merci pour le lien Pierre-André. Je craignais des "perturbations mentales"(0_0) mais voilà qui me rassure! Je pense que l'explication de Freud est juste :
    "Sigmund Freud assimilait le « déjà-vu » à un « déjà-rêvé », il considère que le déjà-vu est bel et bien la reviviscence (réapparition d'un souvenir) d'une perception, mais de la perception d'un fantasme (ou d'une rêverie diurne) inconsciente et que la personne ne peut donc se souvenir consciemment."

    Et je vous confirme " l'idée de retrouver le passé ne génère pas que de la tristesse". Je m'en vais l'expérimenter et revenir quelques jours en arrière... pour revivre quelques joyeux moments (=_=)

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  9. Je vais donc vous raconter un cas de déjà-vu vécu en pleine lucidité.
    A la suite d'une maladresse à ski (c'est un euphémisme), je suis conduit à l'hôpital pour qu'on me fasse une couture à une jambe.
    En attendant placidement que la salle d'op (terme de pro) se libère, je vois une infirmière passer d'un pas tranquille à coté de moi en me disant: "Ah, c'est toi !". Je réponds tout normalement: "oui"; puis elle disparaît. Comme si on s'était quittés la veille, alors que je ne l'ai jamais vue auparavant.
    Fantasme concernant les infirmières, selon le bon Dr Freud ? Peut-être, j'en ai épousé une 15 ans après.

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  10. Mmmm! "... en plein lucidité", j'ai des doutes.
    Vous étiez déjà pré-anesthésié et bien aussi "dans l'interprétation d'un fantasme" "d'une rêverie diurne" (=_=).
    Votre charmante histoire me fait penser à ce film avec Mel Gibson qui, à la suite d'une électrocution, devine les pensées des femmes. Il les entend. Et lui qui ne comprenait rien aux femmes, se met à les voir différemment. "Ce que veulent les femmes".

    @ Inma : Un grand merci (+_+) pour ce beau poème de Baudelaire, en phase avec notre sujet; vous ne pouviez trouver mieux.

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  11. À mon tour de raconter une expérience de paramnésie. En 1999, je marchais dans une rue berlinoise. Je cherchais une belle maison avec une façade de style vaguement néoclassique que j’avais vu lors d’une précédente visite, en 1995, et qui m’intéressait, je ne sais plus pourquoi (il ne s’agissait pas d’un bâtiment connu). Pourtant, à l’endroit où la maison devait se trouver, il ne restait qu’un terrain vague. J’ai appris plus tard qu’une maison ayant exactement les caractéristiques dont je me souvenais avait réellement existé en ce lieu, mais qu’elle n’existait plus depuis les années 1930, et n’avait jamais été reconstruite à l’identique.

    La réalité est que j’ai dû voir une ancienne photo, probablement des années plus tôt, et l’image est restée ancrée dans ma mémoire de manière plus intense que ne l’a fait l’aspect de la rue réelle, et c’est cela que je trouve fascinant…

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  12. Ah mais c'est une histoire incroyable que je trouve pour le coup, tout à fait possible.
    Et si vous tentiez de retrouver la photo sur Internet (0_0) pour la mettre ici? Non, j'exagère, impossible puisque ce n'est pas un "bâtiment connu".

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  13. J'ai essayé, mais je n'ai pas trouvé. Les rues de Berlin ont beaucoup changé dans les 15 dernières années. Dans le secteur du Pariser Platz, par exemple, c'était un no man's land qui n'a été reconstruit que dans les années 90, mais tous les bâtiments ne l'ont pas été en même temps. Idem pour les rues adjacentes, c'est vraiment introuvable.

    "l'idée de retrouver le passé ne génère pas que de la tristesse". Certes, mais, vous en conviendrez, les plus beaux souvenirs sont parfois difficiles à supporter, plus que les mauvais, où au moins le soulagement peut-être au rendez-vous, un peu comme lorsqu'on se réveille en ayant rêvé qu'on doit repasser le bac, et l'on s'aperçoit avec bonheur que c'est définitivement passé.

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  14. Passons maintenant aux lieux chargés d’histoire.
    J’avais découvert la colline du Mormont (située à mi-distance entre Lausanne et Yverdon), en cherchant les vestiges du canal d’Entreroches. Sur une hauteur, j’ai remarqué à certains endroits des esquisses de terrasses qui contrastaient avec la régularité naturelle de la pente, tout en modifiant l’implantation de la végétation. Mais ce qui était plus troublant, c’est l’impression d’étrangeté tout autour, de pesanteur du sol et de densité de l’air. J’y suis retourné plusieurs fois en constatant le même trouble et j’avais même la ferme intention de venir dessiner le site, sans jamais trouver l’occasion de le faire.
    En 2007, soit près de 15 ans après, on y découvrait accidentellement le plus grand sanctuaire celte d’Europe, creusé de 26 fosses où avaient été déposés des ossements d’humains et d’animaux mélangés, des crânes isolés (trophées de guerre), des vases, des monnaies celtiques et romaines, des récipients en bronze, des bijoux, des outils, des meules en pierre et des résidus de fonte métallique.
    Comme on dit dans mon village: zhen xi guai (c'est étrange).

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  15. @ Inma : Je comprends ce que vous voulez dire avec "les plus beaux souvenirs et les mauvais" mais difficile d'occulter l'un ou l'autre. Je n'ai pour ma part aucune tristesse, aucuns regrets lorsque j'évoque mes beaux souvenirs. Que de la reconnaissance(+_+).

    @ Pierre-André : ce que vous aviez ressenti et qui vous avait "troublé" sur ce site "antique" c'était sans doute cette richesse, découverte plus tard, dont vous n'aviez pas connaissance. Les "esprits" ont une âme, elle se dégageait sous vos pieds (=_=)

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  16. Superbe histoire, Pierre-André. Il n'est point besoin de rappeler à quel point la matière des billets s'enrichit par les commentaires.

    PS j'ai reçu "logic" en tant que code

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  17. Mais qui sont ces jeunes mariés si sympathiques prêts à refaire le monde ?

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  18. Ces deux-là ont subi "l'effet papillon".

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  19. C'est ce qui arrive quand on lit trop Zhuangzi. Les conséquences sont incontrôlables.
    Mais, puisque vous êtes là, j'ai besoin de votre avis à propos de mon prochain mariage: quel site vous paraît le plus romantically correct, un chalet d'alpage sentant la vache & le fromage ou une jonque voguant sur le Yangtsé?

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  20. Moi, je choisirais la jonque, ou la gondole, ou le voilier... Par beau temps, bien entendu; ne serait-ce que pour ajouter quelques reflets aquatiques et irisés sur les robes,c'est du plus bel effet.

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  21. Magnifiques ces regards sur cette photo!
    Just married? Félicitations!

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  22. Non, le mariage a eu lieu en août 2007, mais l'effet papillon est toujours d'actualité ;-)

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  23. Bientôt 4 ans!!! mais toujours "jeunes mariés".
    "Félicitations" a lieu d'être.

    @ P.-A. : Le Yangtsé s'impose pour votre mariage, avec une escale poétique ici :
    http://voyages-deroy.voila.net/chine2/imchine2/P1000843.jpg

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  24. Quelle douceur! Je ne savais pas qu'on trouvait cela sur le cours du Yangtsé. Mais deux questions restent pour moi en suspens.

    Comment accorder l'effet papillon à la représentation du monde selon Schopenhauer?

    Au cours d'un récent voyage en train, la conversation avec la personne qui m'accompagnait a glissé des techniques de lecture rapide à la perception visuelle et de là à la façon de contempler un paysage éphémère, celui qu'on regarde depuis le train. Fait-on une sorte de "balayage" ou une fixation sur quelques points? En appliquant la seconde possibilité on pourrait dire qu'on lit un paysage ou qu'on regarde un texte?

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  25. N'étant pas une adepte de la lecture rapide, lorsque je suis en train et particulièrement dans le TGV qui va trop vite pour que je puisse lire sans avoir mal au coeur, je regarde le paysage et j'aime beaucoup votre idée : "on lit un paysage ou on regarde un texte".
    Je crois qu'on fait les deux. Lors de mon dernier voyage en train, j'ai lu le ciel, j'ai adoré le texte:)
    Dommage qu'on ne puisse faire un copier/coller d'images...

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  26. Scanner le paysage, plutôt, parce que tout détailler provoquerait torticolis et maux de tête.
    On peut lire un paysage quand on connaît par coeur le trajet Lausanne-Genève (et retour), comme moi. Il me suffit de lire une maison où un arbre au hasard pour savoir où je suis.
    Regarder un texte, c'est possible: par exemple un texte en chinois en cherchant à reconnaître quelques signes connus (ce qui n'est pas encore lire).
    Schopenhaueriser, c'est limité dans le temps et dans l'espace: 10 minutes pour la mémoire et à ce qui s'inscrit dans un cercle de 10 mètres autour du représentateur. Tout le reste est CHAOS.

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  27. Le CHAOS encore:
    des déchets de toutes sortes aspirés par le tsunami japonais sont en route sur l'océan, formant une île de la surface de l'Islande; son arrivée au large de la Californie est prévue dans 3 ans.

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  28. A propos de voyage dans le temps et dans l'espace, j'ai toujours aimé le sentiment différent que donne la vision du paysage par la fenêtre d'un train selon qu'on voyage dans le sens de la marche ou à l'envers. Dans le premier cas, on regarde vers l'avenir et celui-ci vous rentre dedans sans qu'on ait vraiment le temps de le voir venir; dans le second, les éléments du paysage semblent sortir de vous et s'éloigner doucement vers le passé en s'amenuisant jusqu'à disparaître. Freud a comparé la situation psychanalytique au regard par la fenêtre d'un train - lui qui en était phobique! Simplement, on s'attache à voir se dérouler ses propres pensées tout en essayant de les mettre en mots sur le vif. Pas facile!

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  29. @PAR
    Le canal d'Entreroche est un endroit magique. Cela ne m'étonne pas que vous y ayez vécu une si belle histoire de voyage dans le temps. Quant à l'île de déchets du tsunami, elle est incroyable. Mais au fond c'est la même: des restes du passé voyagent sous la terre ou sur l'océan;ossements celtes ou déchets japonais contemporains quelle différence entre les deux après quelques siècles?

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  30. Une variante de l'histoire de l'île des déchets, mais sans le voyage dans l'espace, se produit de temps en temps en France, où des immeubles sont évacués parce qu'on a découvert un obus de la Première Guerre mondiale ou de la Seconde. Les dangers d'une guerre passé étaient toujours là, enfouis, sans que personne ne s'en aperçoive.

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  31. "j'ai toujours aimé le sentiment différent que donne la vision du paysage par la fenêtre d'un train selon qu'on voyage dans le sens de la marche ou à l'envers. "

    A rapprocher de :

    http://leblogdelacratopege.blog.24heures.ch/archive/2010/12/31/reproduction-interdite.html#comments

    Surtout des derniers commentaires, portant sur les conventions artistiques à propos de la direction du regard. Mais votre idée est très intéressante, parce qu'on peut aussi regarder en arrière alors qu'on se trouve dans le sens de la marche, afin d'apercevoir ce qui vient de s'évanouir et dont la trace n'est pas encore interprétable. Une autre piste : la persistance rétinienne, qui permet d'organiser les images et est à l'origine du cinéma. le paysage regardé par la fenêtre du train inclut des répétition d'éléments qui lui donnent un caractère particulier : montagnes-montagnes-village-montagnes-montagnes-plaine etc... En plus, les choses vues sont comparées à celles qu'on est en train de voir, et elles se ressemblent. C'est ce qui permet de pallier l'impression de chaos et de créer un rythme rassurant. Le chaos est ainsi dans la surprise, tandis que la répétition est poétique.

    PS Je ne savais pas que Freud était phobique des trains.

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  32. C'est pour cette raison qu'il fumait le cigare.
    Plus sérieusement, cette question du sens de marche du train m'a turlupiné pendant de nombreuses années, puis j'ai réalisé qu'être assis dans le sens contraire était plus reposant pour la vue, puisque le paysage change moins fréquemment.
    Charles Fort est connu pour son "Livre des Damnés", dans lequel il énumère toutes les anomalies atmosphériques et autres bizarreries tombées du ciel, relevées par lui sur plusieurs siècles d'archives. Donc, les chutes de matières et les pluies d'objets les plus inconcevables sont dus à une sorte de Mer des Sargasses de l'espace, où traînent tous les déchets et épaves d'expéditions interplanétaires qui sont passées par là au cours des derniers millénaires. C'est rassurant, mais franchement dégoûtant: notre planète n'est pas une poubelle ! Allez faire ça sur Alpha du Centaure !

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