Maisons et pères oubliés
A propos de La Maison où je suis mort autrefois, de Keigo Higashino et de Tonbo, de Aki Shimazaki.
Les histoires parallèles ont le charme des voyages dans le temps où les « si » ne relèvent plus du regret mélancolique ou de la frustration, mais des portes d’entrée vers un passé aussi énigmatique qu’envahissant. C’est le cas, à mon avis, pour ces deux brefs romans japonais, histoires de pères et de fils, où ces derniers mènent des enquêtes difficiles et troublantes sur les premiers, où la recomposition d’une histoire n’est jamais sans risques, même si elle apporte toujours davantage de liberté à celui qui se montre assez courageux pour la réaliser.
La Maison où je suis mort autrefois
Sayaka n’a aucun souvenir de sa vie avant l’âge de cinq ans. Sur ses photos d’enfance, elle ne sourit jamais, et sa vie d’adulte semble plutôt désastreuse. A la mort de son père, elle apprend que celui-ci se rendait souvent dans une maison isolée dans les montagnes. A l’aide d’un ami, elle s’y rend et retrouve une partie de sa mémoire, mais ses propres souvenirs ne s’insèrent pas dans le puzzle qu’elle vient de découvrir : des horloges toutes arrêtées à la même heure, des objets de la vie quotidienne éparpillés, comme si les habitants de la maison avaient disparu tous en même temps, et surtout le journal d’un enfant qui décrit des rapports familiaux tendus. Sayaka et son ami comprennent qu’il est arrivé quelque chose d’étrange et de violent, vingt ans plus tôt, et tentent de revivre le passé à partir du mystère posé par la maison elle-même, où des transformations difficilement inexplicables ont été faites.
Dans ce roman très sombre, qui évoque des questions comme la maltraitance des enfants, c’est la multiplication d’images paternelles, plutôt de reflets indirects qui apparaissent et disparaissent successivement qui est un de éléments les plus étonnants. On y trouve des pères rigides, absents, dangereux, des pères d’emprunt et des pères rêvés, et surtout, on y découvre les limites de l’analepse. Tout ce qu’on parviendra à savoir du passé tiendra dans les étroites frontières narratives de la reconstruction.
Tonbo
Ces frontières sont également perceptibles dans Tombo, d’Aki Shimazaki, où l’enquête sur le temps passé obéit à une tout autre démarche. Il ne s’agit nullement de chercher la culpabilité chez le père mais, bien au contraire, de rétablir l’honneur perdu. Nobu est enseignant, comme son père l’a été autrefois, et dirige un « juku », école privée spécialisée dans la préparation d’examens ; une visite inattendue pousse Nobu à chercher les raisons du suicide de son père, et découvre que celui-ci s’est trouvé jadis au cœur d’une querelle entre étudiants, ayant assez mal tourné. Une intrigue simple, mais qui ouvre de nombreux thèmes dont on aimerait continuer l’exploration une fois le roman lu. Le titre « Tonbo », qui veut dire libellule, fait allusion à la forme du Japon sur la carte. Il s’agit d’un fil conducteur ténu, mais qui sert à rapprocher les événements et les souvenirs, à servir de base à l’analepse. Le lien entre parents et enfants favorise ainsi le développement de parallélismes romanesques, les presque-répétitions, l’élaboration de fictions compliquées dès qu’on regarde en arrière, en réapprenant à interpréter le monde familier de l’enfance, avec ses lacunes et ses zones d’ombre.
Voilà, un petit changement chaque jour :-))))
RépondreSupprimerMais Blanchon l'immaculé, reste le gardien de la tradition.
RépondreSupprimerBlanchon est capable de monter l'escalier, mais pas de le descendre.
RépondreSupprimerInma
Il me semble que l'horloge est fantaisiste:))
RépondreSupprimerBlanchon
RépondreSupprimerC'est qu'il a été initié à la pensée Shadok: "Avec un escalier prévu pour la montée on réussit souvent à monter plus bas qu’on ne serait descendu avec un escalier prévu pour la descente".
Horloge
La semaine dernière elle était à l'heure de l'Alaska, maintenant à celle du Kenya: c'est aussi une façon de se décaler par rapport à un point (trop) fixe dans l'espace-temps.
Quelle culture Pierre-André! Il a fallu que j'aille vérifier:)
RépondreSupprimerhttp://a4.idata.over-blog.com/281x399/0/46/75/06/shadok16.jpg
Merci, mais c'est du domaine courant pour ceux qui ont eu 20 ans en 1968: ineffaçable et irrétrécissable.
RépondreSupprimerSans doute. Mais je n'ai retenu des Shadoks que la voix de Claude Piéplu.
RépondreSupprimerJ'ai deja vu, mais aujourd'hui je suis à Berne pour là journee, et je ne pourrai là regler que ce soir.
RépondreSupprimerInma
Pas facile de gérer les accents sur un Blackberry.
RépondreSupprimerPour l'horloge, attendez le 25 mars et l'heure d'été.
Maintenant j'ai changé l'heure, j'espère que cela se reflétera dans les commentaires, pas besoin d'attendre le 25 mars, sauf pour le printemps... Car l'emménagement dans un village de montagne lors d'un hiver particulièrement froid ne favorise pas chez moi l'adhésion aux discours convenus sur le réchauffement du je ne sais quoi ;-)
RépondreSupprimerGrrr :-( pas moyen d'adapter l'heure des commentaires, pourtant h'heure de publication du billet est juste...
RépondreSupprimerJe teste :))
RépondreSupprimerMon ordi affiche 17:18!
Je pense qu'on va laisser tomber l'horloge pour le moment, elle restera fantaisiste :-) Merci pour le test.
RépondreSupprimerParticulièrement froid ? vous n'avez pas connu celui de 1956: même les mammouths furent décimés.
RépondreSupprimerChez Blogger, l'heure se définit dans Paramètres: il faut sélectionner "Switzerland" et non pas "Swaziland" ou les îles "Svalbard".
Un conseil de pro? Ne vous déplacez pas dans cette page avec la roulette de souris car ça a pour résultat de décaler les sélections précédemment effectuées.
De toutes façons, le temps n'existe pas et il fait toujours 17:18 à un endroit ou un autre de la planète (qui fonctionne comme une roulette de souris, vu sa rotondité).
A part ça ? ne manquera pas de demander Ambre. Eh bien, aujourd'hui c'est l'anniversaire de la mort tragique de Louis XVI.
Mais justement, c'est déjà fait, mais rien ne change : dans le formulaire, il n'est pas question de pays, mais de GMT + (ville, dans ce cas ce peut être Paris, Bruxelles ou Zürich)pour définir le fuseau horaire. On peut aussi définir le format de date et heure pour les commentaires, c'est déjà fait dans les deux cas... je crois que je vais devoir de nouveau faire des petites modifications dans le code de la page.
RépondreSupprimerLa non-existence du temps est-elle compatible avec sa ductilité?
C'est bizarre que ça ne marche pas chez vous (0_0)
RépondreSupprimerVous allez dans « Paramètres » puis dans « Langue et mise en forme ». Dans « Mise en forme » vous avez les « formats », vous choisissez celui qui vous convient. (0_0)
Mise en forme
Fuseau horaire (GMT+01:00) Paris
Format des en-têtes de date ?
samedi 21 janvier 2012
Format de date et d'heure 1/21/2012 06:54:50 PM
Format de date et d'heure du commentaire 21 janvier 2012 18:54
Tout cela est fait depuis ce matin...
RépondreSupprimerBon, après tout soyons Chinois (=_=) et adoptons la "non-existence du temps". Pour la "ductilité", on devrait pouvoir dire alors, que si le temps n'existe pas, il devient extensible à l'infini, voire éternel?
RépondreSupprimerPierre-André aura une réponse...
21 janvier : mort de Louis XVI
... et lundi 23 janvier c'est le Nouvel an Chinois.
Au 4e top il sera exactement 19:25
A propos du temps et des horloges, en ce moment sur Arte : l'horlogerie suisse.
RépondreSupprimerBon week-end!
Au fait il est 20 h!:))
RépondreSupprimerMerci, je regarderai peut-être demain. Ce soir, je sors un petit peu. Bon week-end à vous aussi!
RépondreSupprimer新年快乐 !
RépondreSupprimerBonne année du Dragon (d'eau) à toutes et à tous (glouglou)!
Ductilons, ductilons, il en restera toujours quelque chose: des montres molles ou des horloges réfractaires.
"Plaisirs du week-end... Où suis-je?" : en Suisse (0_0)! C'est sûr, vous êtes au paradis.
RépondreSupprimer...
A tous : Que l'année du Dragon (que l'on prédit "une année de bouleversements") réalise vos projets... Ce serait aussi une année de baby-boom (+ 5% de naissances) :
"Un enfant né sous le signe du dragon, symbole des empereurs en Chine, ne manquera pas d'apporter le bonheur sur l'ensemble de sa famille, selon l'astrologie chinoise."
Santé!
Peut-on en déduire que tous les garçons à naître cette année en Chine auront pour prénom Xiaolong (Petit Dragon) ? Comme le choix des patronymes est déjà réduit (il n'y en a que 200), il va falloir ajouter des numéros ou des codes-barres pour identifier les gens; peut-être même leur injecter une puce électronique. Alain Peyreffite disait que la Chine est un laboratoire social.
RépondreSupprimerIl n'y aura pas que des "petits dragons"!
RépondreSupprimerComment s'appelleront les petites dragonnes :
Qi (prénom mixte): Jade fin; exceptionnel; distingué (=_=)
ou
Feng-Po-Po (0_0) : Déesse des vents.
(La prononciation doit être différente).
Si je vous comprends bien (200 patronymes) pour 1,4 milliard de Chinois, ça doit être rigolo dans une classe s'ils portent tous le même prénom?
Bonne année à tous :-)
RépondreSupprimerCela dit, personne n'a encore trouvé l'endroit d'où les photos ont été prises. des suggestions?
RépondreSupprimerInma
RépondreSupprimerEntre Veysonnaz et Vex: j'ai gagné une raclette avec Blanchon ?
Ambre
En Chine, rien n'est jamais simple: le prénom change encore avec l'âge et le statut social.
Non, c'est à Anzère : j'y vais chaque dimanche après-midi, pour la piscine au milieu de la neige et le spa. Très doux & délassant.
RépondreSupprimerPuisque vous parlez de raclette, on pourrait organiser un défi littéraire sur ce blog, avec un cadeau à la clé. Les idées sont bienvenues.
On pourrait imaginer qu'à l'époque des Song du Nord (environ 200 ans avant le voyage de Marco Polo), un moine valaisan se rend en Chine pour apprendre la fabrication des caractères mobiles d'imprimerie (soit 400 ans avant Gutenberg).
RépondreSupprimerAprès de nombreuses tribulations, laissées à la fantaisie des lecteurs de ce blog, et une fois mission accomplie sur place, il décide de gratifier la cour impériale d'une raclette royale avant de s'en retourner au pays. Mais les chose tournent mal à cause de la mauvaise qualité du fromage fabriqué pour l'occasion et les dynastes sont envoyés ad patres dans des conditions épouvantables: étouffement, indigestion, etc. Le rebelles Jurchen, qui n'attendaient que ça, s'emparent du pouvoir, bientôt supplantés par les Mongols (grands amateurs de fromage) qui finissent par occuper toute la Chine. Raison pour laquelle les Chinois d'aujourd'hui exècrent le fromage.
Quant au moine imprudent, sa trace se perd dans la nuit des temps obscurs qui suivirent le désastre et les valaisans n'ont pas profité avant la lettre des merveilles rapportées par le vénitien, avec ces variétés infinies de pâtes et de raviolis, et doivent continuer à se nourrir exclusivement de fromage fondu et de pommes de terre. A côté de cette tragédie sociale, l'expansion fabuleuse de la culture grâce à la découverte de l'imprimerie pouvait bien attendre quelques siècles.
Défi basé sur les analogies? C'est une très bonne idée ;-)
RépondreSupprimerIl se pourrait bien que Marco Polo ne soit jamais allé en Chine et que son voyage fut "intérieur" (^_^) :
RépondreSupprimer"Comment parler des lieux où l'on n'a pas été" de Pierre Bayard
On pourrait aussi évoquer les Burgondes, qui ont laissé quelques traces en Valais. Ils ne composaient pas un groupe ethnique homogène, comme les Francs ou les Wisigoths, mais un ramassis de rescapés des Grandes Invasions. De ceux qui ont été utilisés comme mercenaires par les peuples dominants, ou d'anciens envahisseurs submergés par de nouveaux. Les analyses de restes humains trouvés dans leurs tombes ont montré qu'il y avait des asiatiques parmi eux, probablement des Huns (ou Xiongnu, en chinois) qui n'avaient pas de billet de retour. Avec leurs cousins Mongols, ce sont les seuls dans leur partie du monde à boire du lait et fabriquer du fromage. De là à imaginer qu'ils ont apporté la cérémonie de la raclette avec eux, il n'y a qu'un pas facile à faire si l'on n'habite pas dans la région concernée....
RépondreSupprimerL'idée avance, à ce que je vois, mais il faudra bien organiser le défi ;-)
RépondreSupprimerCréons une commission ad hoc: c'est l'usage dans ce pays.
RépondreSupprimerInma : Je vous reconnais sur la photo:))
RépondreSupprimerhttp://www.anzere.ch/multimedia/images/img_traitees/2011/10/anzere20spa2020wellness20-20jaccuzzi_zoom.jpg
Qu'entendez-vous exactement par "organiser un défi littéraire"?
Tout est prétexte à se réunir autour d'une bonne raclette: c'est pourquoi j'emmène mon four à Shanghai, au cas ou il s'y trouverait des Valaisans en manque (quitte à me mettre les voisins à dos à cause de l'odeur du fromage).
RépondreSupprimerJe pense que les Chinois sauront être tolérants, après tout, ils raffolent de tout ce qui leur rappelle l'Europe...
RépondreSupprimerhttp://www.chine-informations.com/actualite/un-chateau-francais-copie-conforme-a-beijing_3410.html
Oui, ça marche bien pour les faux châteaux bordelais, qui produisent néanmoins un vin chinois d'excellente qualité.
RépondreSupprimerMais, franchement, l'odeur du fromage: si les Anglais et les Américains trouvent ça "disgusting", c'est qu'il y a bien quelque chose à signaler. Donc, 24% de la population mondiale y est hostile, sans compter le reste du Commonwealth et les Papous.
Attendez-vous à ce qu'on légifère contre le fromage un jour: pour la sauvegarde de la bienséance, la protection des mineurs, la santé publique ou les droits des pommes.
Pourquoi un château bordelais en Chine serait "faux", alors qu'on n'utilise jamais cet adjectif pour qualifier un bâtiment à l'apparence, disons "cubique"?
RépondreSupprimerOn pourrait de dire que, à force de trouver des cubes partout, ils ne sont qu'un énième plagiat d'une mocheté originelle.
Pour le fromage, c'est évidemment culturel, mais aussi une affaire d'apparence et de mode. Qui aurait dit il y a quelques années qu'on consommerait autant de poisson cru sur du riz collant entouré d'algues en Europe? (je n'ai rien contre, mais je comprends ceux que cela dégoûte). Lorsque je racontais à des amis que, la première fois que je suis entrée dans un supermarché alsacien, j'ai dû contourner le rayon fromages, car je croyais qu'il devait y avoir quelque chose de périmé, ils me taquinaient pas mal en parlant des plats "bizarres" qu'on mange en Espagne, comme la salade de poulpe ou la seiche grillée.
C'est vrai et on peut se demander si les deux pandas loués par la France près de 1'000'000 € par an apprécient le pseudo décor chinois de leur nouveau logis. Ils s'attendaient certainement à un design plus contemporain, voire même futuriste. Comme leurs compatriotes humains visitant nos régions, qui trouvent le cadre naturel paradisiaque, mais s'étonnent que les gens soient obligés de vivre dans des bâtiments aussi vieux.
RépondreSupprimerCes derniers jours , il m'a été assez difficile d'introduire de nouveaux changements, mais le Blog continue son développement!
RépondreSupprimerInma
Quand nous aurons tous disparu, lui seul vivra encore !
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