Crise d'asthme
A
propos de Crise d’asthme, d’Etgar Keret
Le
merveilleux se dissimule dans la banalité pour se montrer avec éclat à
l’instant le moins attendu. Il s’agit d’un schéma habituel dans de nombreux
récits fantastiques. Ici, il sort d’un chapeau de magicien, sous la forme
d’objets effrayants, à la place du classique lapin ; il attache une
mémoire familiale indicible à une paire de chaussures, donne à un amoureux le
pouvoir de traverser les murs, transforme le cochon-tirelire d’un enfant en ami
imaginaire que l’on n’ose plus casser pour acheter d’autres jouets… Dans les
nouvelles d’Etgar Keret, le lecteur découvrira de nombreux personnages
extravagants et des situations bizarres, parfois comiques et souvent sanglants.
Le point de départ des récits est bien ancré dans la vie quotidienne, dans des
villes israéliennes modernes et sans histoires, où, cependant, tout peut
arriver à partir de la crise d’un couple, d’une obsession, d’une querelle entre
voisins : un dénouement violent ou, au contraire, la découverte d’une
affinité secrète, d’une alliance possible.
Leur
brièveté et leur rythme fiévreux rapprochent ces nouvelles d’un monologue qui ne
perd pas le temps avec des détails insignifiants, du croquis sur le vif de
pensées intimes, soudainement ramenées sous une lumière crue, qui laisse
apparaître les labyrinthes de l’imagination dans toute leur étrangeté, avec
leurs impasses et autres mises en abyme. C’est l’individu, ses attentes et son
désespoir, qui constitue presque toute la matière du récit. Aussi sa perplexité
devant des phénomènes absurdes subis davantage que choisis, acceptés pourtant
comme s’ils obéissaient à une logique inconnue. La neutralité du narrateur, à
la première ou à la troisième personne, accroît l’impression d’irréalité, et,
paradoxalement, de normalité. Il y a là l’écho d’un Edgar Poe ou d’un Julio
Cortázar, surtout dans la description de personnages solitaires –soldats,
amants délaissés, qui auraient pu avoir une autre vie, voire d’autres vies,
juxtaposées, déployées en rêve ou sous forme d’hypothèse, morts accompagnant
les vivants-, mais aussi dans des chutes où l’inexpliqué est privilégié, qui
ressemblent à la fin abrupte d’un cauchemar.
Crise
d'asthme, nouvelles traduites de l’hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech Actes Sud,
2002
L'an prochain à Shanghai !
RépondreSupprimerAmis de la liberté et des loisirs non-conventionnés, je retourne au bercail demain, en passant par Abu Dhabi (pour la café et les cigares).
A-t-on des nouvelles du Grand Dragon de Losone ?
On aura peu profité de votre présence, mais le plus important est de rentrer à la maison chinoise :-); j'espère que vous avez accès à une autre plateforme de blogs, wordpress, par exemple, pour y exporter les billets et créer une petite galerie virtuelle avec les tableaux actuellement dispersés dans les réseaux sociaux, et surtout pour les nouvelles d'une exposition en projet.
RépondreSupprimerLe dragon n'a pas encore montré le reflet de ses écailles...