Le monde de John Atkinson Grimshaw
Le
monde de John Atkinson Grimshaw
De la vie de Grimshaw
(1836-1893), les quelques dates et événements importants connus
montrent le parcours d'un homme ordinaire de l'époque victorienne,
qui a pourtant laissé une œuvre extraordinaire. L'artiste,
originaire de la ville de Leeds, est issu d'un milieu modeste et ne
fréquente pas d'école d'art. Sa vocation artistique a été
pourtant assez tôt affirmée, et d'après ses biographes, il s'est
formé en autodidacte, en s'inspirant pour ses premiers sujets de
photographies vendues dans des boutiques de souvenirs; des scènes
lacustres et des natures mortes avec des oiseaux ou des fruits qui se
distinguent par leur réalisme et leur précision dans les détails.
Il connaissait l'usage de la chambre noire. Ses premières
expositions ont eu lieu à Leeds, où il épouse en 1858 Frances
Theodosia Hubbard. En 1861, il quitte son emploi à la Great
Northern Railway pour
devenir peintre à plein temps malgré l'opposition de ses parents.
La Leeds Philosophical and Literary Society et
d'autres amateurs d'art font alors connaître sa peinture.
Son œuvre, inspirée par les Préraphaélites d'abord, et par
l'Esthétisme, Lawrence Alma-Tadema et James Tissot ensuite,
comprend naturellement de nombreuses vues urbaines ou champêtres,
mais aussi des féeries très appréciées du public victorien, des
sujets littéraires ou néo-classiques, et des scènes d'intérieur
raffinées et mélancoliques. Elle atteint un succès considérable
dans les années 1870, lorsque les marchands d'art londoniens, Thomas
Agnew, puis Arthur Tooth vendent ses œuvres auprès d'un large
public qui aime la représentation de scènes de la vie moderne avec
une décoration luxueuse, des objets d'art et des femmes habillées à
la mode. D'autres collectionneurs apprécient particulièrement les
perspectives urbaines et portuaires des villes du nord :
Liverpool, Hull, Whitby, Glasgow...
John Atkinson Grimshaw. November, 1879, huile sur toile.
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John Atkinson Grimshaw. Home Again, 1877-1879, huile sur toile. Collection privée. http://www.the-athenaeum.org/art/detail.php?ID=61036 |
Cependant, sa vie est marquée
par les deuils -dix de ses seize enfants meurent en bas âge- et par
une précarité matérielle qui le poussait à augmenter la cadence
de sa production picturale dans un laps de temps de plus en plus
court, surtout à partir de 1880. Cette fragilité financière,
traduite en une course constante contre les dettes, était due à
l'obligation de payer la dette d'un ami pour lequel il s'était porté
garant, mais probablement aussi à un train de vie dispendieux,
entre autres, par les besoins d'entretien des maisons qui deviendront
le décor de certains de ses plus beaux paysages : sa résidence
dans les environs de Leeds, appelée Knostrop Hall, et une maison
louée à Scarborough, entre 1876 et 1879, qui recevra le nom de
Castle by the Sea, d'après
un poème de Longfellow. D'autres lieux de sa peinture sont
Liverpool, Glasgow et Londres, où il loue un studio à Chelsea en
1880. À cette époque, il fait la connaissance d'une grande figure
du symbolisme et de l'impressionnisme, James Abbott McNeill Whistler,
qui dira plus tard, à propos des clairs de lune de Grimshaw :
"Je me considérais comme l'inventeur des nocturnes jusqu'à ce
que je voie les paysages au clair de lune de Grimmy" (I
considered myself the inventor of nocturnes until I saw Grimmy’s
moonlit pictures). Whistler partage avec Grimshaw l'intérêt pour
les vues de la Tamise. Entre 1874 et 1886, seuls cinq des tableaux de
Grimshaw sont acceptés par la Royal Academy de Londres et un par la
Grosvenor Gallery, haut lieu du mouvement esthétique (Aesthetic
Movement). Dans les dernières années de sa vie, Grimshaw oriente
son style vers des paysages où les couleurs claires dominent
l'ensemble, comment la fascinante vue de la plage de Scarbourough en
été (Sand, Sea and Sky, a Summer Fantasy), où de nombreux
minuscules personnages semblent s'éloigner dans une atmosphère
chaude et brumeuse. Les différents tons blancs et gris se font
davantage présents dans des toiles ayant pour sujet des paysages
enneigés, et les lignes se font plus incertaines. Cette évolution
picturale sera malheureusement interrompue par la mort de l'artiste
en 1893, à l'âge de 57 ans. Oubliée pendant longtemps, l’œuvre
de Grimshaw connaîtra néanmoins un regain d'intérêt à la fin du
XX e siècle avec plusieurs expositions dédiées, comme à Leeds en
1979, ou a Harrogate en 2011. Un grand nombre de ses œuvres se
trouve actuellement dans des collections privées.
John Atkinson Grimshaw. Sand, Sea and Sky, a Summer Fantasy, 1892
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La
dimension urbaine du paysage
Les villes et les campagnes
anglaises se sont rapidement et profondément transformées à
l'époque victorienne, comme conséquence de la révolution
industrielle. Le développement du chemin de fer, la construction de
nouvelles usines, le smog, brouillard épais issu de la fumée
présente dans l'air et du climat local, qui deviendra un signe
distinctif de l'atmosphère londonienne, et en général des villes
modernes, représentent quelques-uns des bouleversements entraînés
par des innovations mécaniques et scientifiques. Mais il y a aussi
l'éclairage des enseignes publicitaires et des vitrines, qui
introduisent de nouveaux repères spatiaux et modifient l'antique
perception de la nuit comme quelque chose d'effrayant, voire de
dangereux. La lumière rend la vie nocturne dans les grandes villes
aussi diversifiée et excitante que la vie diurne; on peut désormais
faire des courses ou se promener en pleine nuit. Dans Boar Lane,
Leeds (1881) la distribution des couleurs dans la rue met
l'accent sur ce mode de vie : les tonalités chaudes,
majoritairement des jaunes, oranges ou rouges soulignent ce qui
attire le passant, et bien entendu le spectateur : les
marchandises dans les magasins décorés, les enseignes, les
réverbères et les fenêtres, et jusqu'au la chaussée détrempée
qui reflète ces clartés mouvantes, autant de signes de dynamisme et
de vie. L'attitude des personnages suggère la communication et
l'action. En revanche, l'atmosphère est radicalement différente
dans la partie supérieure du tableau ainsi que dans l'arrière-plan.
Les couleurs sont ternes, le ciel possède une étrange couleur
grisâtre qui pourrait venir du reflet des lumières citadines -on
parlerait aujourd'hui de pollution lumineuse-, et qui ajoute une
nuance crépusculaire à une ambiance par ailleurs chaleureuse et
presque festive. C'est ainsi que les transformations urbaines se
reflètent dans l'art non pas comme des synonymes de laideur et de
destruction, -les peintres, les photographes et plus tard les
premiers cinéastes vont davantage mettre en valeur le paysage
urbain, et les signes de la modernité, tels les voitures,
l'électricité ou les larges avenues, bâtissant ainsi un
pittoresque d'un genre nouveau- mais comme des symboles de progrès
souhaitables.
John Atkinson Grimshaw. Boar Lane, Leeds, 1881 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:John_Atkinson_Grimshaw00.jpg |
Le fait de rendre compte de ces modifications est
également un gage de réalisme et de virtuosité technique sur la
toile. Chez Grimshaw, on trouve l'activité quotidienne des
transports en commun, des boutiques et des docks, et aussi
l'extension de la banlieue, puisque les villes deviennent des aimants
pour une population de plus en plus nombreuse, formant des bourgs ou
des quartiers dans une campagne qui se rétrécit, étant peu à peu
absorbée par le réseau urbain. Dans un tableau comme The Lovers,
cette évolution est nettement perceptible ; les limites de la
ville, signifiés par des murs en brique et des bâtiments visibles
au loin, semblent se trouver à l'orée de la forêt. La présence
humaine, celle des deux amants qui se rencontrent sur la route se
trouve entre les deux mondes ; la jonction entre la ville et la
campagne est aussi un lieu de passage et d'isolement.
John Atkinson Grimshaw. The Lovers http://john-atkinson-grimshaw.chez-alice.fr/Grimshaw/650x430/The%20Lovers.jpg |
L'artiste s'intéressait
d'ailleurs à la photographie. Dans une conférence intitulée
« Watchwords for Workers », tenue en 1890 à la société
Photographique de Leeds, il aurait insisté sur le besoin, pour le
photographe, de bien connaître la perspective. La perméabilité
entre l'art photographique et l'art pictural se manifeste chez
Grimshaw dans l'utilisation de clichés ou de cartes postales comme
modèles pour ses paysages, une habitude probablement prise pendant
son apprentissage. Cela offrait la possibilité de travailler
rapidement, remplaçait avantageusement le modèle vivant,
permettait de reproduire de nombreux détails avec exactitude, un
principe qui se trouvait déjà théorisé chez John Ruskin dans Les
Peintres modernes (1843).
L'artiste devait ainsi travailler en plein air et étudier la
nature avec précision, et la photographie -ou plutôt le
daguerréotype à l'époque, Ruskin a lui-même réalisé de
nombreuses prises de vue lors de ses voyages- était un instrument
indispensable pour apprendre à voir, à retenir chaque aspect de
l'environnement. Pourtant, l'usage de la photographie préconisé par
Ruskin allait en réalité rendre inutile une version picturale
ultérieure. L'industrialisation -donc l'obtention de copies bon
marché et de grande qualité- et l'opportunité d'une reproduction à
l'infini allait sonner le glas de la peinture réaliste. Cette
disparition du tableau à la mode ancienne, déjà prévue depuis
1840 au moins, se fait par étapes. La seule manière de concurrencer
la photographie consiste à cette période en une subjectivisation de
l'art, où le point de vue du peintre prend une importance majeure,
et en une mise en relief des phénomènes éphémères et des
éléments changeants. Le peintre de détourne progressivement de
tout ce qui est figé pour découvrir les éléments symboliques du
décor, les différences chromatiques selon les saisons et les heures
de la journée, les reflets dans une eau courante, l'ombre des
nuages... et surtout des couleurs vibrantes, à l'ère du noir et
blanc : celles de la mer ou celles du ciel après la pluie. Tout
ce que la caméra ne pouvait pas encore saisir ou montrer. Si l'on
compare les images de Knostrop Hall aux photographies de l'époque,
ce qui ressort est avant tout la singularité de l'image peinte,
faite de scintillements, et variations de la lumière, témoignant des limites du
mimétisme entre peinture et photographie.
Atkinson Grimshaw, Evening, Knostrop Hall, 1870 http://www.wikiart.org/en/john-atkinson-grimshaw/evening-knostrop-old-hall-1870 |
Image de Knostrop Hall dans les années 1880, avec Elaine et Lancelot Grimshaw https://www.magnoliabox.com/products/elaine-and-lancelot-grimshaw-in-the-grounds-of-knostrop-hall-lmg394628 |
Atkinson Grimshaw et sa fille Elaine, (qui deviendra aussi peintre, comme trois autres des enfants Grimshaw) à Knostrop Hall. Amateur de littérature, Atkinson Grimshaw avait prénommé ses enfants d'après les personnages des Idylles du Roi, de Lord Alfred Tennyson. http://grimshaworigin.org/prominent-grimshaw-individuals/atkinson-grimshaw-noted-painter/ |
L'influence du mouvement
préraphaélite et des idées de Ruskin sur le style de Grimshaw
montrent aussi un autre aspect de l'histoire de l'art en Angleterre
au XIXe siècle. Les différentes écoles et tendances, du Gothic
Revival des années 1830 à l'esthétisme, mouvement artistique et
littéraire, en passant par les Arts and Crafts, répondent à une
évolution du goût du public et à l'arrivée sur le marché de
l'art d'une bourgeoisie désireuse de se trouver un style élégant
et de plus en plus intéressée par la décoration d'intérieur. Dans
ce contexte surgit le mouvement esthétique, typiquement britannique,
mais aux racines romantiques dans l'idée de « l'art pour
l'art », qui cherche à débarrasser les maisons des meubles
lourds d'inspiration française, des papiers peints criards et de
toute une série d'objets fabriqués en série dont l'imitation de
styles aristocratiques ne parvenait à cacher la mauvaise qualité.
Dans l'art, cela se traduit par un renouveau du design, qui concerne
de nombreux objets de la vie courante : meubles, lampes,
vaisselle et vases, cadres, ainsi que des éléments d'architecture
d'intérieur comme les vitraux ou les jardins d'hiver. Des motifs
floraux ou végétaux, des formes stylisées, des motifs issus de
l'art oriental -Chine et Japon- . Tout était fait pour exalter la
sensibilité et créer des pièces aussi délicates que confortables.
Les scènes d'intérieur produites par Grimshaw dans les années 1870
montrent de manière explicite l'idéal esthétique de son temps
appliqué à tous les aspects de la vie. À la finesse de l'ornement
correspond l'élégance des vêtements, car ces scènes sont toujours
habitées par des personnages féminins, graciles et à l'air
méditatif. L'ensemble dégage une impression de solitude quelque peu
étouffante, avec des salons sophistiqués, remplis de bibelots
précieux, occupés par des femmes à l'apparence calme et triste,
semblables à des plantes exotiques dans une serre. Ces tableaux
s'inscrivaient, en outre, dans le goût de Grimshaw pour les objets
d'art orientaux, dont il était collectionneur; il lui est arrivé de
les exposer au Leeds Fine Art Club en 1890.
John Atkinson Grimshaw. Spring, 1875, huile sur toile. Collection privée http://www.the-athenaeum.org/art/full.php?ID=61023 |
Clairs
de lune
Motif romantique par excellence,
jusqu'à devenir le plus usé des clichés littéraires et picturaux,
le clair de lune permet de créer, comme dans les vues urbaines, des
atmosphères uniques suggérant le mystère et le temps qui passe.
Les clairs de lune de Joseph Wright of Derby, à la fin du XVIIIe
siècle montrent une nature froide, aussi majestueuse qu'isolée et
peu accueillante, vide de toute empreinte humaine. Néanmoins, le
reflet lunaire appartient, dans sa plus célèbre version, aux
tableaux de Caspar David Friedrich. Il s'agit de paysages où les
arbres aux couleurs sombres issus forment un
contraste puissant face à un ciel faiblement éclairé par une
lumière froide. L'obscurité met en valeur les lignes nettes, mais
aussi les nuances, l'horizon nuageux, tout ce qui paraît
indéterminé. En suggérant ce qu'on ne voit pas, le peintre met
également l'accent sur l'absence et la solitude de ce panorama à la
fois simple et énigmatique. La campagne devient un lieu poétique
sans référence littéraire précise, car ce qui attire le regard
est l'étrangeté du décor en lui-même. Au XIXe siècle par la
suite, la peinture de nocturnes s'inscrit dans un traitement du sujet
similaire, avec une préférence pour les scènes de bord de mer, qui
offrent une vue dédoublée de la lune, et les endroits exotiques.
Dans les tableaux de Grimshaw, en revanche, le décor est celui de
l'Angleterre de son époque, avec les traits de la modernité, bien
qu'il conserve des traces de la vision romantique : les lignes
noires et fines des branches des arbres aux branches dénudées, qu'une forêt de mâts
remplace dans les scènes portuaires, les tonalités du ciel et la pluie qui font penser à un éternel mois de
novembre; les bâtiments imposants et sombres, l'encadrement de la
lune par des nuages et son reflet dans l'eau... Grimshaw commence à
peindre des clairs de lune dans les années 1870 et ce qui attire
l'attention immédiatement en les observant est leur caractère
répétitif. Beaucoup de tableaux montrent des rues sous la pluie,
des chemins qui se terminent dans un tournant, des enchevêtrements
de branches offrant un cadre à la zone lumineuse, des silhouettes
de passants... La raison de cela est le succès que ces images ont
rencontré assez rapidement, et qui ont incité l'artiste à les
multiplier. Il a ainsi façonné, peut-être pour des raisons
étrangères à l'art, un monde chatoyant et fragile, à la fois réaliste et poétique.
Inma Abbet
Inma Abbet
Caspar David Friedrich. Zwei Männer in Betrachtung des Mondes, huile sur toile, 1819/20 https://de.wikipedia.org/wiki/Zwei_M%C3%A4nner_in_Betrachtung_des_Mondes |
Joseph Wright of Derby, Dovedale by Moonlight, 1784. https://en.wikipedia.org/wiki/Joseph_Wright_of_Derby |
John Atkinson Grimshaw. A Moonlit Evening (1880) https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Atkinson_Grimshaw_-_A_Moonlit_Evening_(1880).jpg |
Sources
Articles
sur internet, sites et blogs
http://www.telegraph.co.uk/culture/art/art-reviews/8776001/John-Atkinson-Grimshaw-Guildhall-and-Richard-Green-Galleries-review.html
http://john-atkinson-grimshaw.chez-alice.fr/index.html
http://john-atkinson-grimshaw.chez-alice.fr/index.html
Sites
de musées et galeries
Expositions
Livres
Domestic
Interiors. Representing Homes from the Victorians to the Moderns
édité
par Georgia Downey, 2013
Moving pictures . Anne Hollander. Cambridge, Harvard University Press,
1991.
Russia and Europe in the Nineteenth Century. Edward Strachan et Roy Bolton.Sphinx Fine Art, 2008
Beauté,
morale et volupté dans l’Angleterre d’Oscar Wilde
Yves
Badetz , Stephen Calloway , Guy Cogeval , Lynn Federle. Flammarion,
2011
Et
aussi...
Une
rue de Leeds à l'époque des paysages urbains de Grimshaw. Séquence filmée en 1888 à
Leeds par Louis Le Prince
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer«Je ne serai pas non plus étonné d'apprendre que la psychanalyse, qui s'occupe de découvrir ces forces secrètes, ne soit devenue elle-même, de par cela, étrangement inquiétante aux yeux de bien des gens.»
RépondreSupprimerSigmund Freud, "L'inquiétante étrangeté".
Merci P.A. Toute discipline, discours ou structure narrative finit par devenir son propre miroir, du moment où elle tombe dans le domaine public et génère ainsi des interactions et des réponses imprévues, la psychanalyse ne fait pas exception, ce qui est plutôt rassurant.
RépondreSupprimerPassionnant article. Et blog très intéressant.
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire!
RépondreSupprimerAh, voilà enfin un authentique travail de recherche et d'analyse sur cet incroyable John Atkinson, avec mention des sources s'il vous plaît !... L'oeuvre de Grimshaw, inscrite dans le mouvement pictural réaliste de la fin du XIXe siècle, est malgré tout inclassable à mes yeux. L'immense ville industrielle est là, le romantisme bourgeois, les chemins boueux de la campagne anglaise aussi, mais tout est poésie et regard perçant dans les paysages de l'artiste. Son travail sur la lumière, les impressions qu'il fait naître au milieu des brumes, le choix du jour mourant, les arbres dénudés, c'est comme si Baudelaire, Shishkin et Turner s'étaient retrouvés à Harlow l'espace d'un soir pour transcrire ensemble, à six mains, les chuchotements d'un clair de lune à coups de pinceaux délicats... Comme vous l'expliquez très bien, John Atkinson créait à la croisée des chemins, entre les modes de son époque, ses tourments et goûts personnels, le besoin de manger, soutenu par une virtuosité hors du commun. Merci mille fois pour ce formidable article, Imma !
RépondreSupprimerMerci pour votre commentaire. Je suis désolée de répondre aussi tard, mais le gadget d'affichage des commentaires ne fonctionne plus depuis longtemps. Oui, c'est la poésie qui est perceptible dans l'oeuvre de Grimshaw, une poésie romantique égarée dans le monde industriel.
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