à propos de
l'exposition Matisse et
son temps, du 20 juin au 22 novembre 2015 à la
Fondation Gianadda, Martigny
Entre deux
siècles, le long parcours artistique d'Henri Matisse (1869-1951)
nous révèle l'éclosion des avant-gardes, des différentes
tendances, des échanges, amitiés et dialogues esthétiques sans
fin. Étonnante carrière s'épanouissant sur le tard mais toujours
en avance sur son temps, miroir des artistes de son époque. L’œuvre
de Matisse est ici mise en parallèle avec celle d'autres peintres :
Picasso, Bonnard, Braque, André Derain, Maurice Vlaminck, Juan
Gris... Une mise en scène des débuts de l'art moderne avec des
œuvres majoritairement issues des collections du Centre Pompidou,
ainsi que de quelques collections privées suisses.
L'exposition
est organisée selon un fil conducteur chronologique, en neuf
étapes : les débuts, dans l'atelier de Gustave Moreau ;
le fauvisme ; l'influence du cubisme ; les années
niçoises ; la série des Odalisques ; l'atelier du midi ;
l'atelier comme espace de la peinture et enfin le tournant de
l'après-guerre et l'entrée dans une autre modernité, celle qui
annonce les couleurs du pop art. Dans ses années de formation auprès
de Gustave Moreau, peintre symboliste, dans les années 1890, Matisse
avait, avec d'autres peintres comme Albert Marquet, Charles Camoin ou
André Derain, commencé à formuler une singularité, un style qui
allait se développer autour d'un usage franc et audacieux de la
couleur, qui, utilisée de façon pure et posée en aplat,
réinterprète les leçons de l'impressionnisme dans un art de la
simplification destiné à montrer la réalité telle que le peintre
la voit. C'est par la couleur et ses contrastes que la lumière
s'exprime. Dans ses œuvres datant de 1900, notamment ses vues du
pont Saint-Michel, Matisse montre la vue depuis son atelier en
employant des techniques différentes, mais qui préfigurent sa
période fauve. Après un séjour à Collioure en 1905, son travail
devient de plus en plus original sur le plan chromatique, ce qui
vaudra à sa peinture et à celle des autres exposants du Salon
d'automne de 1905 l'appellation de « fauve ». Le surnom
ne tarde pas à être revendiqué par les peintres eux-mêmes, et le
fauvisme est devenu une école picturale en concurrence avec d'autres
mouvements avant-gardistes, notamment le cubisme. Initiée par
Picasso, Georges Braque et Juan Gris, la peinture cubiste offre une
vision déconcertante de la réalité, par la décomposition et
recomposition de ses éléments, par la stylisation des objets
suggérés par des traits et des formes géométriques. Pour Matisse,
la réflexion sur la dimension géométrique de la peinture se
manifeste notamment à partir de 1914, avec le tableau Porte-fenêtre
à Collioure, où la netteté des lignes et des zones de couleur
rendent la représentation de l'objet proche de l'abstraction.
Le
portrait est aussi un genre facilement repris et transfiguré par la
modernité chez Matisse. Le réalisme laisse la place à la
simplicité du trait vivement souligné, et à des arrière-plans
très colorés, où l'on trouve souvent des allusions à une
ornementation très riche dans les meubles et les tissus. C'est là
un motif très ancien que l'on retrouve dans les Odalisques,
portraits féminins réalisés après un séjour au Maroc. La
prédominance des tonalités chaudes, du rouge, l'expression d'une
nudité rêveuse et nonchalante cultivent le souvenir de Delacroix,
d'un imaginaire orientalisant, romantique et sensuel.
Parmi les
thèmes classiques évoquées par les peintures présentes, l'atelier
et la nature morte tiennent une place importante. Il s'agit dans les
deux cas d'une réflexion sur l'espace et, en ce qui concerne
l'atelier, sur les objets qui caractérisent la vie et l'activité de
l'artiste. Chez Matisse, les intérieurs comptent souvent des
fenêtres, qui offrent l'occasion de se pencher sur un monde
distinct, d'intégrer ce monde dans les limites de la toile. La
simplification peut aussi cacher une extension du sens, une vision
supplémentaire et inattendue. Les dernières œuvres exposées ici
montrent une évolution qui se poursuit pendant toute la vie de
l'artiste. Avec les gouaches découpées, il invente une variante
sculpturale inédite incluant peinture et collage. Ce sera la série
Jazz, commencée comme un livre sur le thème du cirque. Dans
ces planches, les figures humaines deviennent des silhouettes noires,
comme dans la célèbre Icare, et c'est, comme depuis les débuts, la
couleur qui devient l'élément dominant, créant la forme et le
mouvement.
Matisse
et son temps, du 20 juin au 22 novembre 2015 à la
Fondation Gianadda, Martigny
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Henri Matisse, Odalisque au pantalon rouge, 1923-24 |
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Henri Matisse, Nature morte au buffet vert, 1928 |
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Henri Matisse, Icare, 1947, série Jazz |
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Henri Matisse, Grand intérieur rouge, 1948 |
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Juan Gris, Le papier à musique |
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Pablo Picasso, Nature morte avec lampe, 1944 |
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Pablo Picasso, l'Atelier, 1955 |
Merci pour cette passionante présentation !
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