Zurbarán, maître de l’âge d’or espagnol
À propos de
l’exposition « Zurbarán, maître de l’âge d’or espagnol », Palais des
Beaux-Arts, Bruxelles
Lorsqu’on aborde le « siècle d’or »
de la peinture espagnole, les figures emblématiques sont Et Greco, Velázquez,
Murillo et Zurbarán. C’est une partie significative l’œuvre de ce dernier qui
peut être découverte au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles jusqu’au 25 mai. Les
tableaux offrent une vue d’ensemble de la production picturale très riche, essentiellement
peuplée de figures religieuses, mais aussi de quelques natures mortes et même
de portraits. Le contexte de Francisco de Zurbarán est celui du mysticisme et
de l’austérité, des intérieurs ténébreux, des saintes somptueusement habillées
en dames du monde, qui cultivent l’anachronisme et un certain mystère.
La vie de l’artiste (1598-1664) s’étend sur
une période où le triomphe des arts va de pair, en Espagne, avec un déclin
économique et une perte d’influence internationale qui ne seront réellement
visibles qu’à la fin du siècle. Un temps de lent repli, marqué par l’influence
de la Contre-Réforme. Le peintre, né à
Fuente de Cantos (Badajoz) fait son apprentissage à Séville, qui est, à l’époque,
non seulement l’une des grandes villes espagnoles, mais aussi le siège de la Casa de contratación, institution qui
contrôlait l’ensemble du commerce avec l’Amérique. Un lieu d’importance, qui
attire des artistes de toute l’Europe, où plusieurs ordres religieux sont bien
établis. Ce sont précisément ces ordres les principaux mécènes ou clients de
Zurbarán. Parmi d’autres, le couvent de la Merci Chaussée, qui lui commande en
1628 une série de peintures mettant en scène son histoire, des œuvres comme le
surprenant Saint Sérapion en font partie. Dans la scène du martyre du saint, le
spectateur est surtout attiré par les nombreuses nuances de blanc de l’habit
monastique, par l’aspect très détaillé des plis et des ombres, par les contrastes
et la clarté qui ressort du fond noir.
Le naturalisme dans les formes et le
traitement des personnages est également présent, au-delà de sa première
période sévillane, dans le reste de sa production, y compris dans l’unique
portrait signé par Zurbarán qui soit conservé, ou dans d’autres peintures dont
le sujet, également religieux, présente des scènes de la vie quotidienne :
enfance de la Vierge, vie de Jésus, apparitions miraculeuses et passions
mystiques. Les visages ont souvent une expression profonde et grave. Ils captivent
le regard avec leur allure réfléchie, mélancolique ou extatique.
Contrairement à d’autres artistes de la même
époque, Zurbarán a très peu voyagé, n’est pas allé en Italie. Il a, en
revanche, séjourné à la cour de Madrid, en 1634 d’abord, où il a retrouvé
Velázquez, afin de participer à la décoration du Palais du Buen Retiro ; à
cette occasion, il a découvert les peintres italiens, ce qui a donné à sa
palette des couleurs plus douces, l’éloignant du ténébrisme de ses débuts. De
retour à Séville, il obtient d’importantes commandes à Llerena, Marchena, Arcos
de la Frontera, pour des églises. Les séries des saintes appartiennent à cette
époque. L’activité se poursuivra avec
grand succès pendant plusieurs années, en plus des tableaux destinés au marché
sud-américain réalisés dans son atelier. À partir de 1658, Zurbarán réside à
Madrid, où il meurt en 1664. Ses dernières années nous offrent des œuvres à la
composition très complexe, comme le Saint
Nicolas de Bari, ou dotées de paysages nocturnes en arrière-plan, comme la Vision de Saint Jean Baptiste. La
peinture de Zurbarán nous fait découvrir des ambiances sombres, dramatiques et
en même temps curieusement calmes, comme si tout malheur était déjà révolu, ou
avait été accepté.
Zurbarán,
maître de l’âge d’or espagnol. Du mercredi
29.01 au dimanche 25.05.2014 Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, catalogue, 248
pages http://www.bozar.be/activity.php?id=13203&selectiondate=2014-04-27
San Serapio |
Vision de San Pedro Nolasco |
Santa Dorotea Images : Commons Wikimedia |
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