Paris 1900, la Ville spectacle
À propos de
l’exposition Paris 1900, la Ville
spectacle, au Petit Palais. Jusqu’au 17 août
L’art de l’époque se plaisait dans la
diversité et l’audace, dans l’évocation de temps légendaires et de pays
exotiques. Le tournant du siècle qui a vu apparaître les premières automobiles,
le cinéma, le téléphone était une période de paix, où l’esthétique surannée
croisait souvent des rêves futuristes, où les divertissements de masses
rencontraient un succès toujours grandissant. C’est au milieu de cette
atmosphère optimiste et quelque peu euphorique qu’une cinquième Exposition
Universelle est organisée en 1900. Cette manifestation a accueilli plus de 50
millions de visiteurs tout au long de ses 212 jours, cristallisant au passage
le mythe de Paris comme lieu de tous les plaisirs et de l’art.
Les nombreux objets et films exposés
actuellement au Petit Palais –précisément l’un des vestiges des modifications
urbanistiques dues à l’Exposition Universelle- saisissent le Zeitgeist dans ses
plus diverses facettes. L’ornementation typique des arts décoratifs ; la modernité et le progrès technique, incarnés
notamment par le cinématographe, mais aussi par la grande roue, la première
ligne de métro, la photographie ou les voyages devenus plus confortables ;
la place de l’industrie de la mode, présente ici à travers des costumes,
accessoires et documents graphiques ; l’importance des plaisirs, ceux du
monde de la nuit, avec ses endroits emblématiques –le Moulin Rouge, le Chat
Noir-, ses personnages célèbres –les demi-mondaines-, et les milieux de la
prostitution ; sans oublier les pièces de théâtre qui ont inspiré les
affichistes de l’Art Nouveau.
Les meubles, les bibelots, les motifs peints
ou imprimés expriment des tendances artistiques favorisant les lignes courbes,
le caractère original des formes. Les supports sont multiples : verre,
vitrail, bois, papier, et les œuvres sont signées par Gallé, Majorelle, Mucha,
Lalique… Elles offrent surtout l’image d’une nature profondément stylisée. Les fleurs de l’Art Nouveau ne semblent
pousser qu’à l’intérieur, elles sont délicates et parfaites, froides et
mystérieuses. Ces qualités, elles les partagent d’ailleurs avec les femmes, d’après
artistes et couturiers. La cape brodée de Worth, les créations de Jeanne Paquin
et les robes de soirée chatoyantes témoignent de ce goût du raffinement. La
féminité, enfermée dans des corsets, cascades de dentelle et chapeaux démesurés montre ainsi le triomphe de l’artifice, ne s’épanouit que dans des
ambiances nocturnes, ou des lieux prestigieux. La Parisienne devient en ces
années le symbole de l’élégance et une partie indissociable de la légende de la
ville. Les femmes de milieux aisés menaient une vie sociale très riche. Leur
souvenir est resté, grâce aux peintres, dans les scènes de rue où on les voit
marcher, contempler des vitrines, intégrer le paysage de Paris.
Le spectacle est partout, et la mise en scène
de la vie mondaine faite de promenades, bals, salons, est un thème récurrent
pour les artistes et écrivains. Il y a du désordre et de l’inventivité dans la
recherche de la nouveauté et du plaisir, et cela va créer une fable touristique
durable. Il y a également une certaine continuité, un lien avec d’autres
époques parisiennes marquées par un même foisonnement intellectuel, comme la
période romantique. La profusion,
perceptible dans tous les domaines esthétiques est l’une des qualités de cette
exposition, même si la présence d’autant d’éléments et projections dans des
salles donnent parfois à l’ensemble un côté labyrinthique.
À propos de
l’exposition Paris 1900, la Ville
spectacle, au Petit Palais. Paris. Jusqu’au 17 août 2014.
Images : Inma Abbet |
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