Dessins des Écoles du Nord du XVe au XVIIIe siècle, collection Jean Bonna
À propos de Dessins des Écoles du Nord du XVe au XVIIIe siècle, collection Jean
Bonna, par Nathalie Strasser
Les Écoles du Nord, c’est le nom que l’on
attribue aux écoles picturales de Flandres, Hollande, Allemagne et Suisse, par
rapport à École italienne, à partir de la Renaissance. Cela couvre une longue
période, qui comprend aussi bien des anges flamands que des paysages hollandais
et des épisodes bibliques. Le catalogue de la collection Jean Bonna, consacré
au dessin, décliné dans les techniques et sujets les plus divers, nous fait découvrir, à travers une septantaine
de feuilles, des œuvres de Dürer ou Rembrandt ou Brueghel de Velours pour les
plus connus, mais également les travaux remarquables d’artistes anonymes, ou
ceux ayant représenté des animaux à la manière de Dürer, comme Hans Hoffmann,
auteur d’un marcassin et d’une grenouille verte, accompagnée d’escargots et d’alchémille,
des images sur vélin étonnantes par leur précision et délicatesse.
L’un des sujets récurrents des œuvres de
cette collection est le paysage. À une époque marquée par des guerres
incessantes aux Provinces-Unies et aux Pays-Bas espagnols, les dessinateurs
évoquent une campagne paisible, des horizons dégagés et le travail dans les
champs ou sur les canaux. C’est le cas d’un Herman Saftleven ou d’un Hendrick
Avercamp, autrement connu par ses scènes hivernales de patinage sur des
rivières gelées. Cela fait partie des paradoxes d’un temps qui aimait aussi l’abondance
des natures mortes et l’exotisme des bouquets de tulipes, alors que la réalité
était celle d’une pénurie certaine. L’exotisme est aussi présent dans les
portraits animaliers. Si les Dix lièvres
dans un paysage, attribué à Sebald Beham, développe les mouvements des
bêtes familières, d’autres auteurs dessineront des tortues, des tatous, un
porc-épic ou un crocodile. L’illustration
répond alors à la curiosité scientifique, dans la description détaillée d’un
insecte ou d’une écrevisse. La collection compte également de nombreuses études
d’arbres, de différents auteurs. Cet intérêt pour la nature, en plus de consolider
une certaine maîtrise du trait et de la perspective, pouvait aussi servir de
préparation à des tableaux. La destination de certains dessins n’est pas
connue. Étaient-ils de simples esquisses ? Des expérimentations sur des
supports inhabituels ? Les techniques utilisées sont d’ailleurs des plus
diverses. Si la plupart des œuvres ont été exécutées à la plume, et que la base
reste l’encre noire ou brune, d’autres matériaux ont souvent été utilisés pour
créer des effets d’ombre ou de lumière, ou pour apporter des nuances de couleur :
gouache, aquarelle, pierre noire, sanguine, graphite…
Un autre thème que l’on rencontre souvent est
la beauté féminine, la mise en scène du corps dans un théâtre mythologique,
comme Vénus, Adonis et l’Amour, de
Hendrick Goltzius, ou l’Allégorie de la
luxure, réalisée dans l’entourage de Hans Baldung Grien. Il s’agit d’un
sujet classique, mais de plus en plus intégré dans le paysage, ou, au
contraire, plutôt énigmatique, comme cette œuvre anonyme allemande représentant
un Groupe de trois femmes et cinq soldats
nus. Une scène sans décor, sans arrière-plan, ouverte à toutes les
interprétations. Allégorie guerrière ou amoureuse?
À propos de Dessins des Écoles du Nord du XVe au XVIIIe siècle, collection Jean Bonna, par Nathalie Strasser, distribué par SilvanaEditoriale, 2013
Lien
permettant de voir deux dessins de la collection, je n’ai pas trouvé d’autres images
libres de droits.
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